Fortaleza Real de Sao Felipe et Cidade Velha
Pour visiter l’île de Santiago, plusieurs possibilités, les aluguers (transport populaire, pas cher, mais aux horaires et itinéraires variables), les taxis, la location de voiture (pas forcément recommandée) ou trouver un bon guide. Nous avons retenu la dernière solution et aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec Zico (de Zico travel) et qui travaille aussi avec Pura Vida. Le but de la journée : plein ouest en direction de Cidade Velha.
Zico est un guide super sympa et en plus il parle bien français. Il nous emmène à travers des chemins qui nous font découvrir de très beaux points de vue. les zones que nous traversons sont relativement sèches. Cela fait quelques années que la pluie se fait rare. Des systèmes d’irrigation on été mis en place pour permettre la culture des haricots, carottes, …En cette mi-mars c’est la saison des fraises. Par contre toute l’année il y a des bananes et des papayes. Des milliers d’acacias ont été plantés après l’indépendance. Ils ont une grande aptitude à résister aux périodes régulières de sécheresse, ils retiennent la terre et leur bois sert de combustible pour la cuisine.
Forte Real de São Felipe
On emprunte une route pavée, construite par les portugais vers 1460 et nous arrivons au Fortaleza Real de Sao Felipe (forteresse royale).
En préambule de la visite nous avons droit à une vidéo explicative. puis c’est Celestino Varela, guide à la forteresse, qui nous accompagne à travers le fort. Il a été édifié entre 1585 et 1590, à environ 120 mètres d’altitude, pour défendre la ville contre les attaques constantes des navires pirates, parmi lesquels se distinguèrent ceux commandés par Francis Drake (corsaire anglais) et Jacques Cassard (pirate français). ll fait la différence entre les pirates, qui agissaient pour le propre compte, et les corsaires qui « travaillaient » au nom de la reine. Celestino raconte, dans un français parfait, que la ville connut son apogée au XVIe siècle, et ne se releva jamais de l’attaque du corsaire nantais J. Cassard. Le 4 mai 1712, il mit à sac la ville et l’incendia. Quelques années plus tard, la capitale était transférée à Praia, mieux protégée.
Le fort a été construit avec deux types de pierres : noir, pierre locale et beige, pierres en calcaire provenant du Portugal et qui servaient de lest au fond des bateaux. Elles étaient troquées et laissées sur place contre des esclaves et des marchandises. Les canons on eux aussi été laissé par les pirates, pour délester les bateaux.
Deux portes s’ouvraient sur le fort. L’une servait de porte d’entrée à la ville. Dans la partie supérieure de la forteresse, au centre, se trouve un réservoir d’eau recouvert d’un dôme en brique en forme de boule. Selon Celestino, l’arrivée de l’eau se faisait par le canal à ciel ouvert et coulait dans la citerne à travers une ouverture. À gauche de la citerne se trouvait l’entrepôt de poudre à canon et de munitions. À l’est, dans le même alignement, la résidence du gouverneur, la caserne et la chapelle. Derrière l’entrepôt, le tribunal des armes.
Depuis le fort nous avons une très belle vue, quand le ciel est dégagé, sur la ville de Cidade Velha d’un côté et sur une vallée de l’autre. Celestino nous explique qu’il y avait bien un projet de désalinisation de l’eau de mer, mais la corruption étant passée par là, le projet s’est transformé en école et les tuyaux et câblages électriques ont été volés.
Cidade Velha
Nous retrouvons Zico, direction la ville. Sur notre chemin, bougainvilliers, manguiers, plage de sable noir volcanique et quelques petits bateaux de pêche. La ville de Ribeira Grande, rebaptisée Cidade Velha à la fin du XVIIIème siècle, a été la première ville coloniale construite par les Européens.
En plus de la forteresse royale de Sao Felipe, la ville conserve d’importants vestiges, dont la place du Pilori (Pelourinho) avec sa colonne de marbre et deux églises dont l’église de Nossa Senhora do Rosário qui, malgré ses cinq siècles d’existence, est encore en assez bon état de conservation avec ses tombeaux et ses azulejos.
C’est la ville la plus ancienne du pays. Son histoire est marquée par un lourd passé : jadis centre de la traite des noirs, port où s’arrêtaient les navires qui transportaient les esclaves, depuis la côte africaine vers le reste du monde. Le pilori au milieu de la place, datant du XVIe siècle, rappelle l’époque où les esclaves rebelles ou ceux qui avaient tenté de fuir y étaient ligotés et publiquement châtiés.
Comme nous l’avait expliqué Celestino au Fort, et malgré les ravages du corsaire français J. Cassard, la petite ville de Cidade Velha a fait récemment son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco, le 26 juin 2009.
Près du Pelourinho se trouve la rua Banana, la plus ancienne du Cap Vert. Elle a été la première rue de l’urbanisation portugaise où vivaient les grands propriétaires de Santiago et de Fogo.
Plus loin, les ruines de la première cathédrale. La « Sé Catedral » a été construite entre 1556 et 1700. Le sanctuaire et les deux tours du clocher ne sont plus visibles, mais les grands murs latéraux restant permettent d’apprécier ce projet grandiose. Pour sa construction les pierres provenaient du Portugal. Son déclin est lié à la chute de la ville. Les premières interventions de restaurations ont commencé en 1986.
Cette grande balade nous a donné faim. Avec Zico, nous déjeunons dans un très bon petit resto, le Pelourhino, installé entre la plage et la place du Pilori (d’où son nom) : 2 plats de thon et 3 bières locales (la Strela, seule marque de bière capverdienne) pour 480 escudos (environ 4,30 euros). Et on s’est régalé !!
Pour digérer, un petit tour au port de pêche. on assiste au départ de petites barques. Et voilà une journée bien remplie. un grand merci à Zico pour toutes ses explications sur une partie de l’histoire de son île.