La musique ….l’ADN du Cap-Vert

Dernière étape avant la grande traversée de l’Atlantique, le Cap Vert est le pays du métissage, y compris celui de la musique, des mélodies, des thèmes et des rythmes. Ainsi il offre une grande variété de styles musicaux.
Toutes les îles ont des musiciens et chanteurs.. Nous avons décidé de mettre notre reportage sur la musique au niveau de l’île de São Vicente, à cause, ou grâce, à Cesaria Evoria, dont nous ne nous lassons pas d’écouter ses chansons et sa voix si particulière. Notre décision de voyager au Cap Vert a bien sûr été influencé par la ‘Diva aux pieds nus‘.

Cesária Évora

Au Palacio do Povo, un hall d’exposition retrace la vie de la chanteuse. Il y a une pléthore de photos, d’objets personnels, d’articles dans des magazines (même en russe), ses albums, quelques unes de ses robes… On en prend plein les yeux ! Cesária est même sur les billets de 2 000 escudos, qui servent à payer les tournées de grogue, dont elle n’hésitait pas à abuser de son vivant.

On y apprend que Cesária Évora est née en 1941 à Mindelo, dans le quartier de Lombo. Cesária (Cize pour les amis) a toujours aimé chanter, d’abord à la chorale de l’orphelinat où elle avait été placé jeune au décès de son père puis les dimanches sur la place principale accompagnée par un de ses frères au saxophone. A 16 ans, elle rencontre un marin guitariste portugais, Eduardo, son premier grand amour qui lui apprend les styles traditionnels de la musique capverdienne, comme la morna et la coladeira.

Les mornas (qui probablement proviennent de mourn qui signifie lamentation) sont des chansons liées à la tristesse, au chagrin et à des souhaits impossibles à réaliser. Cesária commence gagner sa vie en chantant dans les bars puis un passage sur la radio locale lui permet d’être connue dans les îles du Cap vert.

En 1975, tout bascule pour elle. L’indépendance du Cap Vert et la nouvelle politique entraînent la fermeture de bars. Cesária qui a 34 ans n’a plus de revenus et décide d’arrêter de chanter. Elle dira que ces dix années sans chanter sont ses ‘dark years’, années durant lesquelles elle lute contre l’alcoolisme, élève seule ses enfants.
En 1985, le gouvernement décide d’inviter, pour la fête des femmes, toutes les chanteuses cap-verdiennes, dont Cesária. C’est ainsi qu’elle renoue avec le chant.
En 1987, José da Silva, un Français aux racines capverdiennes, l’a rencontre à Lisbonne et la convainc de se rendre à Paris pour enregistrer un album « la diva aux pieds nus« . L’album qui connait un franc succès sort en 1988. Au contraire de ce qui est souvent dit, elle chante pieds nus tout simplement parce que cela lui plait et non pas par solidarité avec les sans-abri, les femmes et les enfants pauvres de son pays….. Ensuite vient la carrière internationale que nous connaissons tous. En plus de 20 ans de carrière, elle a fait connaître dans le monde la morna. Cesaria Evora, c’était aussi une passion pour la cigarette et l’alcool. Un tantinet provocatrice, elle n’hésitait pas parfois, sur scène, à s’arrêter pour prendre une gorgée de cognac ou griller une cigarette. Cesária Évora meurt le 17 décembre 2011 à l’hôpital Baptista de Sousa, à São Vicente.

Les autres musiques

Mais il n’y a pas que la Morna. La musique capverdienne, mêlée d’influences africaines et brésiliennes, distille bien d’autres airs, souvent plus entraînants et remporte des succès qui ne se limitent pas à ceux de Césaria Evora.
Dans les quatre îles que nous avons visitées, tous les soirs nous avons écouté de la musique, que ce soit dans la rue, dans les bars, les restaurants.

Grâce aux musiciens rencontrés, nous avons pu écouter les musiques suivantes :
Morna : thème de l’amour, de l’éloignement, de la mélancolie, inspiré du fado. bien sûr à São Vicente.
Coladeira : plus rythmée, pour ceux qui veulent danser, et souvent ce sont des chansons engagées et satiriques.
Batuque : une musique  chantée  et  une  danse  sensuelle rythmées  par  des  percussionnistes, que l’on trouve surtout sur Santiago.
Funana : Le funana traditionnel se joue à l’accordéon, il est rythmé par le frottement d’un couteau sur une barre de fer, le ferrinho. Aujourd’hui, un son plus moderne en adaptant le funana au synthétiseur, à la batterie et à la guitare électrique.

Un grand merci à tous ces artistes, connus ou non, de nous avoir fait passer de merveilleuses soirées et permis l’enregistrement musical. En particulier Herculano Brito, dit Kula, sur lîle de Sal. le groupe de musiciens Ramiro Moras et Tony Lopes au Casa café de Mindelo. Roger Santos au Tiduca à Santo Antao et toujours à Santo Antao, au Caleta, Necio Cruz et Nelson Neves.

Nous n’y seront pas, mais tous les ans depuis 1984, au mois d’août, sur la plage de Baia das Gatas (São Vicente) un festival de musique, gratuit et en plein air. C’est une véritable institution dans le paysage culturel capverdien, attendu par des milliers de personnes.

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